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II - l’univers de la perception

F - lexique transversal des structures sémantiques

1. Le langage, expression du discernement

Tous les langages (incluant les langages mathématiques) rendent compte de nos perceptions. Les idiomes humains sont pourvus de noms pour indiquer des phénomènes spatiaux (les choses), de verbes pour rapporter des phénomènes temporels (les événements) et d'adjectifs pour décrire des aspects (les qualités). Les structures des mots et des phrases permettent de préciser le nombre de dimensions des phénomènes évoqués. 

 

Comme le tableau ci-dessous le montre (3 colonnes de droites), le langage rend compte de toutes les amplitudes de discernement, depuis l'amplitude la plus concentrée et la plus simple, la mesure des quantités 1D (par exemple "ça prend beaucoup de temps"), jusqu'à l'amplitude la plus diluée et la plus subtile, celle des circonstances 8D (par exemple "ça s'est drôlement passé").

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En français les racines sémantiques sont infléchies par des suffixes ou des préfixes pour modifier le sens des mots. Une racine sémantique peut provenir d'un adjectif, d'un nom, d'un verbe, ou d'un adverbe. En ajoutant certains suffixes après la racine sémantique, on peut obtenir des phénomènes d'amplitudes dimensionnelles différentes. Par exemple, considérons la racine "réel", pour sa résonance particulière dans le champ des perceptions, et infléchissons la…

1D - quantités : "X" (RÉEL)

L'amplitude 1D est le discernement des valeurs, qui correspond au champ sémantique des quantités. En français les indicateurs de quantité sont :

- des nombres, par exemple : 100 % réel

- des préfixes, par exemple : "ir-réel" "sur-réaliste"

- des adverbes de quantités, par exemple : aucun, quelques, plusieurs, peu, beaucoup, très, presque, plus, moins... réel

- des prépositions qui indiquent des positions relatives : au réel, de réel

- des conjonctions qui sont des valeurs d'occurrences relatives : mais, ou... 

Ces adverbes, nombres, préfixes, prépositions ou conjonctions ne changent rien à l'amplitude dimensionnelle du phénomène auquel ils se rapportent, ils en indiquent juste la quantité, l'intensité, l'importance. Certains adjectifs sont des marqueurs quantitatifs, mais nous classons ces adjectifs à l'amplitude 2D, car ils expriment des quantités présentées en tant que qualités. De plus, les adjectifs quantitatifs indiquent généralement des rapports entre des tailles sur plusieurs axes-dimensions (par exemple, "gros" ou "mince" indiquent le rapport entre largeur et hauteur en 2D ou 3D), même s'il existe des cas où des adjectifs quantitatifs désignent des valeurs 1D (par exemple "long" et "court" peuvent quantifier des durées ou des distances 1D).

 

2D - qualités : "RÉEL"

Le mot "réel" provient du latin "realis" qui signifie relatif aux choses matérielles, lui même dérivé de "res" qui signifie chose matérielle. Notons que le sens de "réel" a évolué et qu'il signifie aujourd'hui quelque chose dont l'existence est une certitude, pas forcément de nature matérielle. C'est pourquoi dans notre étude sémantique, nous distinguons "réel" (certain) et "concret" (matériel). "el" est un marqueur d'adjectif, on peut le retrouver dans d'autres adjectifs comme "temporel", "universel" ou "fonctionnel". Le temps, l'univers, la fonction sont des mots dont le sens est enraciné dans leur forme nominale. L'inflexion "el" indique une qualité dérivée du nom. "Res" ayant disparu en tant que nom dans l'évolution du latin vers le français moderne, c'est donc sous la forme d'adjectif "réel" que le mot est au plus près de sa racine brute. "Réel" est ici un adjectif qui indique une qualité 2D. On peut l'infléchir au féminin et/ou au pluriel : réelle, réelles, réels. Différents autres suffixes donnent à la racine des formes dérivées, qui désignent des phénomènes d'amplitudes dimensionnelles différentes.

 

3D - entités : "LE RÉEL" 

Ici l'adjectif est employé comme un nom qui, associé à un article, désigne un substantif ou une entité 3D : "le réel", autrement dit "la qualité réelle", "ce qui est réel", tout ce "qui a la qualité réelle". Cette façon de substantiver un adjectif est courante dans le langage, par exemple pour parler de la couleur rouge, on dit "le rouge". Ce faisant, le même mot désigne des phénomènes 2D de qualité ou d'aspect lorsqu'il est employé comme adjectif, et il désigne des phénomènes 3D d'entités et de substantifs lorsqu'il est employé comme nom. "Le réel" c'est donc la qualité réelle considérée comme un substantif 3D qui a lui-même des qualités 2D (le réel est certain, le réel est tangible) ; "le réel" c'est aussi ce qui a la qualité réelle (par exemple un personne réelle par opposition à un personnage fictif) et enfin le réel c'est l'ensemble de ce qui est réel (l'univers réel). 

 

4D - activités : "RÉALISER"

- Le verbe "réaliser" décrit un événement qui signifie "rendre réel" ou "prendre conscience de ce qui est réel". Conjugué au mode indicatif c'est un phénomène 4D, il se déroule dans un temps linéaire, tout comme le participe présent "réalisant". 

- Même au futur "réalisera", le mode indicatif signifie que la probabilité de l'événement est 100 %, ça va réaliser, ça va se produire.

- La forme active du verbe peut produire un substantif "réalisateur", c'est-à-dire quelque chose "qui réalise" et elle implique une forme passive, au participe passé : quelque chose "qui est réalisé". 

- Le mode impératif "réalise !" n'est pas l'événement lui-même, mais en tant qu'ordre il constitue une force, un phénomène 4D.

 

5D - possibilités : "RÉALISABLE"

Les inflexions suivantes désignent des potentiels (2D de temps), ce sont des relations et énergies 5D, sensibles par appréciation :

- L'usage du conditionnel "réaliserait" exprime une possibilité, une probabilité, une issue indéterminée, autrement dit "qui pourrait rendre réel".

- L'usage du subjonctif "que réalise" peut exprimer une nécessité "qu'il faut rendre réel", un devoir "qu'on doit rendre réel", un souhait ou une probabilité "que ce soit rendu réel". 

- L'adjectif verbal "réalisable" exprime un potentiel, des énergies et/ou des relations qui rendent un événement plus ou moins probable ou possible, autrement dit qui "peut être rendu réel". 

- L'adjectif verbal "réalisant" exprime le potentiel, les ressources, la capacité de réaliser, autrement dit la qualité qui "peut rendre réel".

 

6D - concepts : "RÉALISME"

Les noms infléchis 6D expriment des concepts abstraits. Les inflexions suivantes de la racine "réel" sont courantes en français :

- "Réalité" est une inflexion qui peut avoir plusieurs significations ; elle peut signifier une essence (par exemple "en réalité") ; ou bien une substance (par exemple "c'est de la réalité") ; ou encore un ensemble ("la réalité", tout ce qui est réel).

- "Réalisme" est le principe d'agir en conscience de ce qui est ou qui rend réel. 

- "Réalisation" est un processus, un ensemble d'événements combinés dont la finalité est de rendre réel. 

Il est facile de concevoir des inflexions de la racine "réel" qui ne figurent pas dans les dictionnaires, avec des suffixes spécifiques dont le sens est clair :  

- "Réalisabilité" est la mesure de la possibilité de rendre réel.

- "Réalisance" est la mesure de la capacité à rendre réel.  

- "Réalitude" est la condition d'être réel.

 

7D - intentions : "RÉALISTE"

Les adjectifs infléchis 7D expriment des systèmes de pensée, des croyances, des intentions : "réaliste" exprime la qualité et/ou l'intention d'agir en conscience de ce qui est réel. Notons que bien souvent il existe une seule déclinaison de suffixe 7D dans la langue, c'est bien commode pour cacher la subjectivité des intentions derrière une objectivité de façade au nom du "bon sens". En effet, il est bien plus simple et convaincant de se prétendre "réaliste" que de préciser comment on compte y parvenir : "réalisatoriste", "réalisiste", "réalisaniste", "réalisabiliste", "réalitiste", "réalisationiste".

 

8D - modes : "RÉELLEMENT"

Les adverbes modaux 8D expriment des modes, des façons, des manières, par exemple : "réellement", "réalistement", "réalisablement".

En plus d’offrir une nouvelle approche de l’étude des structures des langages, la transposition des amplitudes de discernement dans le langage ouvre aussi la voie à d’innombrables applications : Elle permet d’interpréter une situation dans toutes ses dimensions et d’envisager les solutions à un problème en évaluant l’ensemble des combinaisons possibles. 

> Partie suivante : 

2 - Correspondances entre champs de science

+ Plan de la présentation :

Sommaire des Hypothèses

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